Lisez-nous dans le journal ”La Presse : Nathalie, coiffeuse à domicile” ainsi qu’une entrevue avec la revue ”Urbania”.
Nous sommes heureux de coiffer à l’occasion les participants de l’émission ”La roue de fortune” au canal de TVA
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La Presse | Publié le 14 mars 2011 à 14h53
Photo : Christian Blais, Urbania
Émilie Folie-Boivin, Cyberpresse
Depuis 27 ans, Nathalie se déplace chez les personnes âgées pour rafraîchir les permanentes et cacher les cheveux gris. En témoin priviliégiée de l’âge d’or, elle prête aussi à nos aïeux une oreille attentive, pour combler un vide que même Les Feux de l’amour ne peuvent remplir.
Vous voyez combien de clients par jour?
De 10 à 12. J’ai environ 1000 clients aînés.
De quoi discutez-vous lors d’un rendez-vous?
De leur santé. Et beaucoup de voyages aussi. Je mets l’accent là-dessus, pour leur faire oublier qu’ils sont malades.
Comment va le moral de nos aînés aujourd’hui, versus il y a 25 ans?
On dirait qu’ils sont moins encouragés par l’avenir, certains se replient sur eux-mêmes… Ils ont moins de ressources qu’avant aussi, alors ils cherchent moins d’aide. Ils écoutent les nouvelles eux aussi, ils savent qu’ils vont attendre longtemps à l’hôpital s’ils sont malades.
Qu’est-ce qui leur manque le plus?
La présence de leur famille, entre autres. Mais les aînés manquent aussi de services. Il n’y a pas de service de popote pour les gens âgés, par exemple. Ils n’ont souvent pas l’énergie pour cuisiner et rester debout très longtemps.
Êtes-vous déjà allée au-delà de la coiffure pour l’un de vos clients?
Ceux qui ont perdu un conjoint me demandent souvent des conseils sur les maisons d’hébergement, parce que j’en visite plusieurs dans le cadre de mon travail. J’ai aussi déjà accompagné des clients chez le médecin parce qu’ils n’avaient personne pour y aller avec eux et apporté un petit frigo à une femme âgée,
Il y a une différence de tempérament entre vos clients qui ont des enfants et ceux qui n’en ont pas eu?
Oh oui. Toute leur vie, les personnes seules n’ont pensé qu’à elles, elles n’ont jamais fait de concessions, alors elles sont plus capricieuses et exigeantes. Avec elles, on ne peut pas arriver en retard de cinq minutes.
Qu’est-ce qu’elles vous apprennent, les personnes âgées?
C’est une richesse de pouvoir les côtoyer. Elles sont tellement attachantes. Elles m’apprennent que la vie, c’est plus que travailler. C’est aussi prendre du temps pour soir, voyager et faire attention à sa santé, surtout.
Comment percevez-vous le fait de vieillir?
J’ai toujours été en contact avec la vieillesse, donc c’est une chose naturelle pour moi, mais il y a dix ans, j’ai vraiment réalisé que la vie passe trop vite. Quand je suis avec mes clients, je leur change les idées comme je peux. Mais une fois la porte traversée, je laisse tout derrière. J’apprends à me détacher pour me protéger. Faut que je fasse ça parce qu’un moment donné, on dirait que la vie, c’est juste les maladies que j’entends.
Qu’est-ce qui a changé, il y a dix ans?
Une de mes clientes de 84 ans a fait le tour de la planète, et elle m’a raconté qu’elle avait visité l’Amérique, toute seule, en allant dans des endroits qu’on ne retrouve même pas dans les guides. Je me suis dit que si elle était capable de le faire, moi aussi je pouvais. Alors j’ai fait un voyage semblable avec mes deux gars en 2001. J’ai besoin de bouger, pour vivre. C’est pour ça que j’ai jamais aimé travailler dans un salon.